Malgré une année où ils étaient omniprésents, les milans royaux devraient être moins nombreux au comptage organisé ce week-end par la LPO. Les rapaces ont fui le rude hiver.
Le comptage a débuté vendredi soir, mais la préparation a été bien plus longue. Comme la quarantaine de bénévoles de l’association au niveau départemental depuis des mois, Mathis Vérité, chargé de mission de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), était sur le terrain, jeudi soir. Accompagné de Marie, en service civique, ils ont posé leurs longues vues à Colsac, pointées en direction des Cramades. Pour préparer au mieux le comptage.
Milan royal : Le Massif central est son bastion
Dortoirs
« L’idée, explique-t-il, c’est de connaître au mieux les dortoirs des milans pour être le plus efficace possible sur les trois jours de comptage, et obtenir un résultat le plus précis possible. » Car les rapaces se regroupent l’hiver venu. « Au printemps, ils vivent plutôt en couple. Mais l’hiver, quand la nourriture se raréfie, ils deviennent plus grégaires et se regroupent dans des dortoirs, aux abords des sources de nourriture. »
C’est le cas avec le centre de tri des Cramades, qui est même le dortoir le plus important de France : l’an dernier, 790 rapaces y ont été recensés. Mais jeudi soir, rares étaient les oiseaux visibles. Ce qui ne surprenait pas Mathis.
Cette année, il y a eu énormément de milans. Il y a eu une nouvelle pullulation de campagnols, et ils sont venus en masse pour se nourrir, comme en 2015. Mais avec la neige, beaucoup sont repartis. Ils n’ont plus accès aux campagnols, ni aux lombrics, dont ils se nourrissent, même si la journée ils peuvent parcourir une dizaine de kilomètres pour chasser.
Recul
Les milans sont caractéristiques de l’environnement local
Les chiffres du comptage de ce week-end dans le Cantal, traditionnellement le plus gros foyer de France (3.500 sur 14.000 individus) seront donc à mettre en perspective. Les oiseaux ayant pu migrer à l’ouest du département, ou plus au sud. Une prise de recul nécessaire, aidée par un système de balises GPS ou de marques posées sur les milans, pour accompagner et préserver au mieux cette espèce essentielle à la biodiversité, et caractéristique de l’environnement local.
Accompagnement
Pour ce faire, la LPO a plusieurs cartes en main, en terme de sensibilisation. « Il y a plusieurs façons de favoriser l’installation du milan, détaille Mathis Vérité. D’abord, avoir les plus grandes surfaces possibles de prairies naturelles. L’écosystème qui s’y développe leur offre de la nourriture. Il faut aussi éviter les produits chimiques, comme la bromadiolone, qui tuent les rongeurs mais aussi ceux qui les dévorent. Nous intervenons aussi auprès des propriétaires des parcelles où ils nichent, afin de préserver leur habitat. Enfin, nous essayons de promouvoir la plantation de bosquets de pins, qui se raréfient, et que les milans affectionnent. »
Yann Bayssat