Milan royal : Le Massif central est son bastion

Publié le 23/07/2020 à 18h00

Milan royal : Le Massif central est son bastion

En Massif central, les milans sont nombreux : migrateurs et parfois même sédentaires désormais. Mais le réservoir est fragile. Photo Romain Riols © Agence AURILLAC

C’est un rapace emblématique. Si le milan royal disparaît d’Europe, l’espèce s’éteint. Menacé en France, il ne se porte pas si mal en Massif central, où se concentre un tiers de sa population.

S’il fallait mettre un oiseau sur le blason auvergnat, ce serait sans doute le milan royal.

Cantal, Puy-de-Dôme et Haute-Loire concentrent près d’un tiers de la population nationale et plus de 26 % de la population européenne… Autant dire de la planète puisqu’on ne recense l’espèce nulle part ailleurs.

Des dortoirs de milans royaux encore jamais vus en Cézallier!

Le plus royal des milans chasse en terrain découvert

Le plus royal des milans chasse principalement en prairies, mais on le voit aussi sur les estives (Sancy, Aubrac, Cézallier, Cantal). Et dans la plupart des vallées du Puy-de-Dôme.

On le reconnaît à son élégance quand il plane sur les courants ascendants, en vol circulaire, ou quand il bat des ailes près du sol : 150 à 165 cm d’envergure, la queue échancrée, des barres blanches sous des ailes à dominante marron…

Migrateur, en partie, pour l’Auvergne

Ce rapace distingué est un migrateur partiel orienté sur deux azimuts.

Une première population vient du Nord, et renonce parfois à y retourner si la météo le permet.

La seconde, née en Auvergne, peut descendre passer l’hiver en Espagne, ou pas.

Dans les deux cas, depuis une cinquantaine d’années, l’aire de répartition se recroqueville autour des Pyrénées et du Massif central ; disparaissant peu à peu de l’Est de la France.

Retour favorisé par des pratiques agricoles plus douces

Est-il attiré par des pratiques agricoles plus douces ?

Ou bien s’est-il naturellement posé sur l’Auvergne, l’Ardèche et la Corrèze qui figuraient sur ses plans de vols migratoires.

Tout, ici, convient au milan royal.

Quand il ne reste pas, il se reproduit et fait de longs séjours (de mars à octobre et même jusqu’à décembre si la neige tarde).

Particulièrement débrouillard

Il niche entre 500 et 1.000 mètres d’altitude (jusqu’à 1.150 à Murat). Offrez-lui une fourche à une dizaine de mètres du sol et il se débrouillera de tout pour construire son aire.

Dans les zones de pâturages ovins, on l’a même vu utiliser la laine de mouton !

Sites d’observationObservation avec la Ligue pour la protection des oiseaux sur des dortoirs de milans royaux. Photo Jérémie Fulleringer
 La LPO anime régulièrement des observations sur divers sites, comme à Prat-de-Bouc dans le Cantal. Dans le Puy-de-Dôme, le secteur de la montagne de la Serre reste un fameux point d’observation. Sur le plateau exposé aux quatre vents vers Chadrat, la LPO est parvenue à mettre en évidence l’une des deux plus importantes voies régionales empruntées par les oiseaux migrateurs en Massif central. Entre 70 et 100 espèces l’emprunteraient, depuis le tout petit roitelet huppé (environ 6 grammes) jusqu’aux impressionnantes grues cendrées de 4 à 6 kg. Accès en voiture par la D96. À pied, par les chemins du plateau de la Serre où la communauté de communes des Cheires a disposé toute une signalétique.

Le bastion auvergnat prospère

Les mesures conservatoires régionales (*) commencent à livrer leurs fruits : on a observé plus de 2.000 oiseaux, les 29 et 30 novembre 2014, sur la planèze de Saint-Flour, et, surtout, 3.158 en hivernage 2015/2016 dans le Cantal (alors que l’on estime la population nationale à 3.900 couples).

Pour 2017, le bilan de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) arrivait à plus d’un millier de poussins marqués !

Ce travail avait permis plus de 10.000 contrôles. Mais aussi 60 reprises d’oiseaux retrouvés mort.

Il reste menacé de toutes parts

Consommateur de petits rongeurs qu’il repère en vol, il croque aussi les insectes, les petites proies et les charognes.

On a identifié plus de 20.000 proies dans ses pelotes de réjection ! Et il raffole aussi des campagnols qui détruisent les récoltes par la racine. Une qualité par laquelle il périt. La faute aux campagnes d’empoisonnement.

Des mesures visant à sensibiliser les agriculteurs des luttes contre les pullulations de campagnols plus respectueuses de l’environnement ont été mises en place. Mais la bromadiolone n’est pas la seule menace à peser sur le milan royal : intensification de l’agriculture, coupes forestières, et même parcs éoliens sont accusés de réduire ses territoires de chasse…

(*) L’Europe a financé un programme d’étude et de sauvegarde de l’espèce dans le Massif central. Elle comprenait une ambitieuse campagne de marquage de poussins qui ont ensuite été suivis. Si vous voyez un milan marqué à l’aile : transmettre à la LPO les dates, heures d’observation et le code couleurs des marques.

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Anne Bourges
anne.bourges@centrefrance.com

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/milan-royal-le-massif-central-est-son-bastion_13808320/

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