la sélection de reines des abeilles dans le Cantal

Ancien fauconnier, Cédric Legon se lance dans la sélection de reines des abeilles dans le Cantal

Publié le 07/06/2020 à 11h00

Ancien fauconnier, Cédric Legon se lance dans la sélection de reines des abeilles dans le Cantal

« Je suis passionné de génétique. Depuis que je suis gamin, j’élève des lapins. » © Marjolaine Guillouard

À presque 40 ans, Cédric Legon a tenté un sacré pari : changer de vie pour élever des abeilles. Des reines, plus précisément, triées sur le volet dans ses ruches, à Chaussenac.

« Je dors abeille, je mange abeille, je vis abeille ! » Sourire enthousiaste aux lèvres, Cédric Legon résume son quotidien en quelques mots, tourne légèrement la tête sur sa droite, montrant sans le vouloir une boucle d’oreille… en forme d’abeille. Juste derrière sa maison, les ruches, paisibles, apportent un peu de couleur dans le vert uniforme de l’arrière bourg de Chaussenac.

Un ancien… fauconnier

Un peu court, cependant, pour reprendre le parcours de ce presque quadragénaire, ancien fauconnier. Lassé de la vie itinérante, le Haut-Savoyard se pose avec sa petite famille dans le Cantal, en 2008. Saint-Cernin, puis Chaussenac, où son père le rejoint. Les premières ruches arrivent ensuite chez ce féru d’élevage.

Je suis passionné de génétique. Depuis que je suis gamin, j’élève des lapins.

Au point de gagner un prix national, attribué par la Fédération française de cuniculture, pour un « petit papillon », un lapin de race élevé chez lui.
Alors l’élevage de reines, une fois tombé amoureux des abeilles, c’est finalement logique : « C’est bien beau de les acheter en faisant confiance aux autres. Mais je préférais élever les miennes et en faire profiter… » Le choix est fait : il passe un diplôme au lycée agricole de Saint-Flour pour peaufiner ses connaissances et, depuis cette année, se lance à son compte.

« Je les sélectionne pour leur douceur, leurs qualités de nettoyage, leur résistance aux maladies et la productivité, évidemment. »

Il travaille ainsi à améliorer le comportement d’un essaim face au varroa, parasite qui décime les abeilles. Là aussi, il isole deux gènes qui optimisent la capacité des insectes à lutter contre l’acarien. En revanche, « mon but, c’est d’avoir ce caractère, pas sur les reines mais sur les mâles ».

Dans le bassin d’Issoire, le confinement ne semble pas avoir eu de répercussion sur les abeilles

Car la génétique chez les abeilles a ses particularités : les femelles, issues de larves fécondées, présentent plus de chromosomes que les mâles, issus de larves non fécondées. Sélectionner les reproducteurs permet de s’assurer plus facilement que le gène passe dans la colonie. Problème : les reines sont fécondées par plusieurs mâles, de vrais coureurs de jupons, prêts à couvrir dix kilomètres pour un rendez-vous galant. Pour éviter de voir son travail de sélection gâché par un faux-bourdon sauvage, Cédric Legon élève ses propres mâles et « je sursature mes ruches. Comme ça, je sais que sur 1.000 individus, je devrais même dire 10.000, ils représentent 90 % des fécondations ».

Et cela suffit. Calmement mais avec passion, l’apiculteur expose son métier, enchaîne. Pour la sélection, il n’étudie pas le comportement d’un individu ; ce serait un non-sens du point de vue de l’insecte :

Une abeille ne représente rien. L’entité, c’est la colonie. 

Travaux pratiques dans la foulée : il va s’asseoir près d’une de ses ruches, visiblement tranquille. Les abeilles ne disent rien, se laissent photographier sans attaquer. Il en rit et se souvient d’une reine qu’il a fournie à son frère : « Dès qu’elle a été incorporée à la ruche, la colonie s’est calmée. C’est instantané ! »

Déjà des commandes

Mais l’apiculteur est aussi obligé de composer avec le Cantal : ses ruches sont plus adaptées au froid, par exemple. Il apprécie aussi des essaims où les abeilles gardent plus de miel pour elles : la productivité s’en ressent pour l’apiculteur, mais la mortalité l’hiver aussi. Plus armées, elles survivent mieux. Surtout, « je suis en altitude. J’ai des mâles qui arrivent plus tard, ma saison est plus courte ».

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Mais pas de problème. Cette année, le printemps, exceptionnel de précocité, lui a permis de vendre ses premières reines très tôt. Fécondées ou vierges, elles partent bien. « J’ai beaucoup plus de demandes que ce que je peux produire. » Il prévoit de quadrupler sa production l’an prochain et de tripler le nombre de ruches à mâles. À côté de cette activité, une autre va voir le jour, plus marginale : une miellerie va arriver et son miel sera à retrouver sur les marchés du secteur. De quoi voir venir si la vente de reine patine un peu par moments. Et de quoi partager son savoir-faire aux gourmands du secteur…
Pierre Chambaud

https://www.lamontagne.fr/aurillac-15000/actualites/ancien-fauconnier-cedric-legon-se-lance-dans-la-selection-de-reines-des-abeilles-dans-le-cantal_13797314/

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