Murat (Cantal) labellisée ville et métiers d’art : les questions qui se posent
Un label de plus pour Murat. Déjà petite cité de caractère, la commune fait désormais partie du réseau des villes et métiers d’art. Et entend en faire un facteur de développement, et un argument touristique.
Comment Murat a-t-elle obtenu le label ?
« Murat a pris la bonne voie, celle de l’excellence en matière de patrimoine », a expliqué le président de l’association, le député de l’Hérault Philippe Huppé. « Car, il faut le souligner, si elle ne le méritait pas, elle n’aurait pas obtenu le label. Nos critères sont stricts, afin que le label signifie quelque chose. Et il n’est pas décerné à vie : nous visitons régulièrement les collectivités labellisées, afin de vérifier qu’elles mènent une politique de développement autour des métiers d’art. »
Pour être labellisée, la commune a pu s’appuyer sur plusieurs atouts. Son patrimoine, comme son site, d’abord. Mais aussi la présence de six artisans d’arts, de la création de bijoux à l’artisanat de la pierre. Sa politique événementielle, avec le festival des métiers d’art, organisé chaque mois d’août depuis 2014. Et enfin la présence de filières qualifiantes au lycée Joseph Constant, sur le travail du bois. Filières qui correspondent aux attentes des professionnels. Car, comme l’a souligné la proviseur Yoanna Sauvan, « nous accueillons un taux de personnes en reconversion de 25 % dans notre lycée », ce qui suit la tendance du secteur.
Et Gilles Chabrier, le maire, d’ajouter : « le Fablab, qui est une chance pour le territoire, car il offre un vrai outil moderne à nos artisans, qui peuvent s’en servir pour modéliser des prototypes. »
Quel est l’intérêt d’un tel label ?
Un label, c’est bien beau, mais si c’est pour avoir uniquement une plaque en entrée de ville… Ainsi, Philippe Huppé a expliqué « que si on s’en donne les moyens, les métiers d’art peuvent être un facteur de développement. Je pense à la petite commune de Montolieu, dans l’Aude, qui est devenue une véritable destination touristique depuis qu’elle accueille 17 libraires. Mais aussi, les cafés, restaurants qui suivent. Plus près de vous, Laguiole s’est développé grâce au couteau. Le maire me l’a dit récemment : “en accueillant des artisans, je sauve une classe de l’école”. Cela dépasse la question du tourisme donc.
Et il faut s’en rendre compte : si on aide un bon artisan d’art à s’installer, il y aura un rendu pour la communauté. Et puis c’est de l’emploi.
Avec le recul du label Petite cité de caractère, Gilles Chabrier estime que cela peut apporter à la commune. « Déjà, on entre dans un réseau, on peut apprendre des autres. Et puis, on l’a vu, être petite cité de caractère nous a permis d’obtenir des aides de la région, c’est un levier. C’est aussi un plus en matière de tourisme, les gens sont attirés par ce genre de label, et ça aide à communiquer. »
Ghyslaine Pradel, présidente de Hautes Terres communauté, estime même « que ce label rejaillit sur toute l’intercommunalité, c’est une chance pour nous. À nous, désormais, de travailler pour en faire un vecteur d’attractivité. Nous avons déjà commencé avec notre programme en faveur du petit patrimoine. Notre politique en matière d’urbanisme doit aussi être respectueuse du patrimoine ancien.
Quelles perspectives pour Murat ?
Difficile d’être affirmatif sur ce point à deux mois des élections municipales (où Gilles Chabrier se représentera). Ce qui est sûr, c’est que cet été, le festival des métiers d’art va connaître une nouvelle édition, un peu plus tard qu’à l’accoutumée, du 22 au 24 août (les artisans souhaitant y participer ont jusqu’au 31 janvier pour s’inscrire auprès de la mairie.)
D’ici là, une nouvelle manifestation sera organisée, par un prestataire extérieur, dans la cité : une convention de tatouage, le premier week-end de juin. L’occasion de mettre un autre métier d’art en valeur. « On travaille aussi à créer une pépinière pour les artisans, et une boutique éphémère, peut-être même avant les élections. » Enfin, et là on parle de projet à plus long cours, il estime que Murat « peut postuler à deux identités géographiques, sur la pierre des cunes et le travail du bois.
Yann Bayssat